Les prochaines négociations pour 2019 se profilent déjà sous fond de renforcement, depuis près de quatre ans, de la puissance de négociation des distributeurs.
Les dérives auxquelles la puissance d’achat peut donner lieu n’est pas un sujet nouveau (Voir Publication :« Négociations commerciales – Centrales, super centrales et (re)négociation des accords commerciaux : la puissance de négociation sous surveillance ». Rubrique « Autres Publications » – « Publications antérieures »).
Cette montée en puissance se constate en France et chez nos voisins (ex. création d’une une centrale d’achat commune entre Carrefour et VéGé et PAM en Italie, à l’instar de Carrefour Système U en France), de même qu’au niveau paneuropéen avec des organisations multi pays (ex. Carrefour/Tesco), quand ce n’est pas des rapprochements plus structurels (ex. Asda/Sainsburry au Royaume-Uni).
Ces accords sont souvent présentés comme pouvant être intéressants pour tout le monde.
Ce point de vue n’est pas forcément partagé, tant pour celui qui accède au référencement moyennant a priori des meilleurs conditions d’achat, que pour ceux qui n’y accèdent pas.
A telle enseigne que l’Autorité de la Concurrence a indiqué, dans un communiqué de presse du 16 juillet dernier, qu’elle renforce ses investigations et ouvre des enquêtes en relation avec les rapprochements à l’achat dans le secteur de la grande distribution à dominante alimentaire. L’enquête est d’ailleurs élargie au rapprochement entre Carrefour et Tesco. On sort du périmètre strictement français.
Ces données sont à prendre en considération pour « penser » les négociations et les structures tarifaires, car la puissance « oblige » si l’on peut dire, en ce sens que le présumé puissant devra justifier ce qu’il obtient lors de la négociation annuelle ou de la renégociation intercalaire, autrement que par l’usage de sa seule puissance.
Penser, anticiper les structures tarifaires avec les tendances nouvelles du terrain et l’évolution du traitement des sujets au plan légal. C’est un vaste chantier, mais nécessaire.
Jean-Michel Vertut – Avocat